Taxidermie

Publié le par yokai

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Deuxième film du réalisateur hongrois György Pàlfy, “Taxidermie” est un film fascinant, trash, répugnant, grotesque, et à ne pas mettre devant tous les regards. Véritable ovni cinématographique, cette oeuvre originale et glauque ne laisse pas le spectateur indifférent!

Les amateurs de sportifs obèses vomissant trois fois leurs poids après des compétitions alimentaires, de chats monstrueux nourris aux matières grasses, d’artiste de l’extrême jusqu’au boutiste, de masochiste du feu, ou de nouveau-né à queue de cochon ne seront pas en reste. Outre son ton répulsif mais assumé, “Taxidermie” fait preuve de beaucoup de qualités artistiques : les travellings circulaires symbolisant le passage du temps sont magifiques, la photographie du film est de toute beauté, la séquence fantastique du rêve de Vendel Morosgoványi dans un livre pour enfant n’aurait sûrement pas été reniée par Tim Burton et l’opération chirurgicale de Lajoska Balatony est digne de la série NIP/TUCK.

Je recommande juste à ceux qui auraient envie de voir ce film de se dépêcher, car il y a peu de salles pour le projeter et au vue du peu d’intérêt qu’on lui porte, il risque de ne pas rester très longtemps. Petit avertissement aux âmes sensibles: évitez de manger avant d’aller voir ce film, ou prévoyez des “sacs à vomi” pour la séance car le caractère malsain de certaines séquences peuvent vous provoquer des hauts-le-coeur! En dehors de ça, les petits curieux de film étrange seront servis!

site du film Taxidermie

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Sorte de généalogie d’une famille dégénérée affectionnant tout particulièrement un certain penchant pour les animaux, “Taxidermie” est une production étrange.
De génération en génération et par le fils, se transmet l’attraction sordide pour la perfomance personnelle : flirt physique avec le feu, croissance corporelle gargantuesque, et commerce -à tous les niveaux- de la peau…

De manière remarquable, grâce à des trouvailles d’effets visuels et une subtile ambiguïté, le réalisateur hongrois György Pàlfy ne tombera jamais ni dans le vulgaire, ni dans la pornographie, ni dans le choquant futile. Pourtant, tout est glauque : l’air est vicié, les corps sont disgrâcieux et les visages comme les âmes sont laids à l’image des personnages peints par les Expressionnistes allemands tels que Grosz et Dix. La scène finale est à la fois horripilante et impressionnante. Elle réalise la sublimation du soi au travers du corps et on hésite à n’y voir qu’une scène de chirurgie hyperréaliste ou d’automutilation ordinaire…

On ne sait pas s’il faut s’enfuir en courant loin de ce film qui fleure la décadence et l’indécence dès les 20 premières minutes, tenir vaille que vaille pour l’amour du 7ème art ou se laisser happer de manière coupable par son attraction irrésistible.

C’est un film qui se regarde avec tous les sens éveillés. Et, bon gré mal gré, on est obligé de reconnaître que G. Pàlfy signe ici une oeuvre d’une rare exception.

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Publié dans CINOCHE

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